Comment peuvent changer vos relations intimes
Chacun a besoin d’un compagnon et d’intimité physique. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’un autre trouble neurocognitif ne sont pas différentes. Découvrez comment les troubles neurocognitifs peuvent affecter vos besoins et vos relations intimes.
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Comprendre les troubles neurocognitifs, l’intimité et la sexualité
La relation que vous entretenez avec votre aidant peut être complexe, particulièrement s’il s’agit d’un proche, car ces relations se construisent avec le temps. Elles changent et évoluent constamment. Par exemple, votre relation a toujours pris en compte la possibilité de discuter entre vous; c’est maintenant difficile de discuter et de se souvenir. Et donc, il ne vous reste plus grand-chose à offrir à votre relation. La maladie change votre relation… et c’est effrayant. Leonard, Oakville (Ontario). Leonard est atteint de la maladie à corps de Lewy.
Nous avons tous des besoins et des souhaits en termes d’amitié, d’appartenance, de compagnie, d’intimité et d’expression de notre sexualité. On peut combler ces besoins de plusieurs manières et grâce à tout un éventail d’interactions avec les autres, notamment en :
- partageant ses pensées et sentiments;
- se tenant la main;
- se serrant dans les bras;
- s’embrassant; et
- en se livrant à d’autres formes d’expression plus intimes comme les attouchements, la masturbation et en ayant une relation sexuelle.
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Les troubles neurocognitifs peuvent changer votre manière d’exprimer ces besoins.
Si on ne s’en préoccupe pas, ces changements peuvent être source de frustration au cœur même de votre relation la plus intime. Cette frustration, alliée à un manque de compréhension, pourrait pousser l’une ou l’autre personne à trouver des manières de répondre à ses besoins qui pourraient être considérées comme inacceptables ou inappropriées. Il est donc important pour vous et votre partenaire* de savoir comment les troubles neurocognitifs peuvent remettre en question et changer votre manière d’exprimer votre intimité et sexualité.
Il est vital que vous et votre partenaire affrontiez ces défis ensemble, en ayant une discussion franche et en faisant preuve d’une compréhension mutuelle.
Lorsqu’une personne est atteinte d’un trouble neurocognitif, le couple est encore souvent capable de continuer à entretenir une relation étroite et intime pendant de nombreuses années. Lorsque les changements affectent la relation physique, il est important de se souvenir que chaque couple a ses propres manières de gérer ces changements. Ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas nécessairement pour l’autre.
*Nota : Pour faciliter la lecture, le terme « Partenaire » est utilisé pour décrire la personne avec qui vous partagez une intimité physique. Il peut s’agir d’un conjoint, d’un conjoint de fait, ou d’un ami, etc.
Comment les troubles neurocognitifs affectent-ils votre comportement intime et sexuel?
Les troubles neurocognitifs affectent nos émotions et notre manière d’agir. Ainsi, ils peuvent changer la manière dont vous exprimez votre souhait de compagnie et d’intimité — de différentes manières ou inhabituelles par rapport à vos habitudes. Par exemple, vous pourriez devenir plus ouvert ou vous intéresser plus aux rapports sexuels, ou au contraire, vous montrer moins affectueux.
À cause de cela, le comportement intime et sexuel peut devenir de plus en plus imprévisible et plus difficile à comprendre à mesure de la progression de la maladie. Il est important que vous et votre partenaire compreniez que ces changements de comportement sont monnaie courante et que votre trouble neurocognitif pourrait vous empêcher de prendre conscience de ces changements à mesure de leur apparition.
Certains des changements que vous et votre partenaire pourriez remarquer comprennent :
Le manque d’énergie et d’intérêt pour les rapports sexuels
Vous pourriez trouver que votre énergie et votre intérêt pour les rapports sexuels sont moins élevés que ce à quoi vous vous attendiez. Les troubles neurocognitifs peuvent s’accompagner d’émotions complexes et diverses, comme la dépression, ce qui, en retour, peut diminuer votre intérêt pour les relations sexuelles et d’autres comportements intimes. En traitant la dépression, le désir sexuel finit souvent par revenir.
Le regain d’énergie et d’intérêt pour les rapports sexuels
Cependant, les troubles neurocognitifs peuvent aussi avoir l’effet inverse. Au fur et à mesure qu’il devient plus difficile de se souvenir d’épisodes sexuels, il se peut que le désir de rapports sexuels augmente. Dans de rares cas, ce besoin sexuel accru est constant. Cela peut engendrer des conflits au sein des relations entre vous et votre partenaire ou les personnes qui vous entourent.
Les comportements socialement inappropriés
Souvent appelés « comportements désinhibés », ils ont tendance à se manifester au stade avancé, lorsqu’il devient plus difficile de se conformer aux normes sociales généralement acceptées à cause de l’intensité des symptômes provoqués par la maladie. Vous pourriez commencer à agir de manière inappropriée ou d’une manière que votre partenaire trouve inhabituelle, inattendue ou dégoutante.
Par exemple, vous pourriez vous comporter d’une manière différente qu’à votre habitude, ou d’une manière que certains pourraient considérer embarrassante et inappropriée, comme draguer des étrangers ou parler crûment de sexe. Les activités intimes et sexuelles personnelles que vous feriez normalement en privé, comme vous déshabiller ou vous masturber, pourraient se produire en public.
Sachez que si ces comportements se produisent, c’est parce que les mécanismes habituels du cerveau qui nous empêchent d’agir par impulsion ne fonctionnent peut-être plus. Ce sont les troubles neurocognitifs et ses symptômes qui provoquent ces comportements, et on pas vous.
Pourquoi est-il important de discuter d’intimité et de sexualité avec votre partenaire?
Aborder des questions en lien avec votre sexualité, intimité et expression sexuelle n’est pas toujours chose facile. Il est toutefois important d’en discuter aussi rapidement que le diagnostic est évident et que la maladie progresse.
- La sexualité et l’intimé sont des besoins humains complexes qui entraînent des réactions d’ordre émotionnel et moral. On a souvent de la difficulté à parler de ces réactions, alors qu’on aurait besoin de le faire ou que les autres en auraient besoin. Plus les formes d’expression sont intimes, plus le besoin de vie privée est important.
- En abordant ouvertement vos inquiétudes et attentes, vous et votre partenaire pouvez continuer à vivre votre intimité grâce à une entente mutuelle, et en acceptant que la manière avec laquelle vous exprimez votre intimité pourrait changer à mesure de la progression de la maladie. Souvent, il ne s’agit pas de cesser les rapports sexuels, mais de trouver d’autres moyens d’exprimer son intimité.
- À mesure de l’évolution de la maladie, vous pourriez ne plus reconnaître votre partenaire et pourriez envisager une relation avec quelqu’un d’autre. Ceci peut être très dur pour les partenaires et les autres membres de la famille.
- À mesure que votre partenaire adopte de plus en plus un rôle de proche aidant, il pourrait ne plus ressentir les émotions sexuelles ou le désir de continuer à entretenir une relation physique intime. Cette situation peut engendrer des sentiments de culpabilité chez votre partenaire.
- Dans certains cas, les personnes atteintes d’un trouble neurocognitif développent une nouvelle relation amoureuse avec quelqu’un du même sexe, ou du sexe opposé, alors que ce n’était pas leur orientation sexuelle dans le passé. Toutes ces situations peuvent remettre en cause vos valeurs et croyances et causer de l’inquiétude en ce qui concerne les dangers relatifs aux rapports sexuels (p. ex. les personnes prennent-elles des mesures de protection contre les maladies et infections transmises sexuellement?)
- Discuter avec un professionnel de santé en qui vous avez confiance peut vous aider, ainsi que votre partenaire à anticiper les changements qui pourraient être provoqués par le trouble neurocognitif. Cela pourrait aussi vous aider à trouver les stratégies qui fonctionnent pour vous.
La relation que vous entretenez avec votre partenaire est unique. Chaque personne choisit l’autre pour différentes raisons. Les relations peuvent être faciles ou complexes. Quelle que soit la relation, il est important que vous et votre partenaire la trouviez satisfaisante.
Plus de liens et de ressources utiles
Conversations : L’intimité et la sexualité dans le contexte d’une maladie neurodégénérative. Société Alzheimer du Canada. Vous découvrirez dans cette brochure comment les troubles neurocognitifs peuvent affecter le comportement sexuel d’une personne et son désir d’intimité, ainsi que des stratégies pour l’aider, aider ses proches aidants et les professionnels de la santé à entamer des conversations sur l’intimité et la sexualité.